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Recours à la tradithérapie en Tunisie : enquête d’opinion - 06/06/18

Doi : 10.1016/j.revmed.2018.03.176 
A. Belhassen, Y. Kort , M. Khaloui, H. Abdelhedi, N. Khammassi
 Service de médecine interne, hôpital Razi, Manouba, Tunisie 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

La tradithérapie comme solution à des problèmes de santé physique, mentale ou sociale est profondément enraciné dans la culture tunisienne. La diaboliser serait illusoire surtout dans le contexte post-révolutionnaire tunisien ou les difficultés économiques rendent l’accès aux soins problématique pour une frange non négligeable de la population. C’est dans ce contexte que nous nous proposons d’étudier le recours du tunisien à la tradithérapie.

Patients et méthodes

Il s’agissait d’une étude prospective se basant sur un questionnaire bilingue (français et dialecte tunisien) comprenant 16 items comprenant 4 rubriques : 1 – données démographiques, 2 – recours à la tradithérapie, 3 – motivations réelles ou possibles de recours à la tradithérapie, 4 – place de la tradithérapie. Ce questionnaire a été mis en ligne à l’aide de la plateforme Google Form et diffusé par partage sur les réseaux sociaux dans des groupes tunisiens généraux.

Résultats

Trois cent soixante-treize réponses ont été validées. L’âge moyen était de 31 ans avec des extrêmes de 18 et 94 ans. Le niveau d’études était supérieur dans 94,9 %, secondaire dans 3,5 % et primaire dans 1,6 % des cas. Quarante-sept des 373 personnes interrogées (12,6 %) avaient déjà consulté au moins une fois un tradipraticien, de façon épisodique dans 11,8 % des cas et de façon régulière dans 0,8 % des cas. Leurs motivations étaient l’absence de solution médicale au problème de santé (75 %), l’insatisfaction par la prise en charge médicale (20,9 %) et le coût élevé du traitement médical (10 %). La dépense moyenne chez le tradipraticien était de 43 dinars tunisiens (15 euros) allant jusqu’à 400 dinars (130 euros). Quarante et un répondants (10 %) ont déjà pensé à consulter un tradithérapeute sans y aller. Cent vingt-deux des 373 personnes interrogées (32,7 %) connaissent une personne qui aurait été soulagée grâce à un tradithérapeute. Les répondants pensaient dans 70,8 % des cas que l’état tunisien devrait prendre des mesures afin d’interdire la tradithérapie alors que 25 % des répondants pensaient que la tradithérapie pourrait être intégrée d’une façon ou d’une autre au système de soins.

Discussion

Notre étude révèle que le recours à la tradithérapie n’est pas une pratique délaissée, notamment par les jeunes et les personnes instruites qui constituaient la majorité de notre échantillon. Le cout élevé de la consultation chez le tradithérapeuthe, en moyenne 15 euros (prix d’une consultation chez le spécialiste) montre qu’il ne s’agit pas d’une question d’économie comme on aurait pu le supposer. Le danger étant que la tradithérapie en Tunisie est multiple partagée entre connaissances ancestrales des herbes médicinales et charlatanisme utilisant entre autres méthodes, l’exorcisme, le recours au jins et aux potions potentiellement toxiques. Il n’est pas rare de recevoir en hospitalisation des patients victimes de ces pratiques. Conclusion Notre étude devrait constituer un point de départ à une étude d’envergure et sur terrain permettant ainsi de toucher les catégories sociales les plus défavorisées (notamment celles qui n’ont pas accès à internet). Nous envisagerions d’évaluer les différentes pratiques, de lutter contre les plus dangereuses et pourquoi pas d’accorder du crédit à d’autres comme l’ont déjà fait certains de nos voisins africains.

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Vol 39 - N° S1

P. A203 - juin 2018 Retour au numéro
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